Fin août, Donald Trump annonçait l’annulation de 200 millions de dollars d’aide directe à l’Autorité palestinienne pour la Cisjordanie et tout récemment il s’en prend directement à la santé des palestiniens en supprimant les 25 millions destinés aux hôpitaux de Jérusalem-Est. Par ailleurs, en début d’année il avait annoncé la suppression partielle des financements que les USA versaient à l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, avant d’en annoncer le 31 août la suppression de la totalité.
Ces décisions brutales et unilatérales s’inscrivent dans la même logique que le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem : la négation et l’ignorance totale de toute notion de droit international ou humanitaire. Trump a choisi d’opérer un odieux chantage sur le dos des réfugiés palestiniens en espérant ainsi être « débarrassé » d’une question qu’il refuse d’aborder autrement qu’en la niant. Pour les Palestiniens qu’ils soient réfugiés ou pas, qu’ils soient de Cisjordanie, de Jérusalem ou de Gaza : leurs droits élémentaires à la santé, l’éducation, l’accès à l’eau sont ouvertement niés par l’administration américaine. Le procédé éloigne en outre toute perspective de solution juste et durable de la question palestinienne.
Paradoxalement, loin de faire disparaître la question des réfugiés, la décision de Trump l’a remise au centre de la question palestinienne. Les États ont été contraints de se positionner et d’affirmer leur soutien à l’UNWRA. Ainsi, lors du premier coup de hache au début de l’année, nombre de pays dont la France avaient augmenté leur contribution de manière plus ou moins importante. À l’issue de son entretien avec Pierre Krähenbühl, Directeur général de l’UNRWA, Emmanuel Macron a également rappelé, en mars dernier, « la détermination de la France à promouvoir une résolution du conflit israélo-palestinien sur la base de la solution à deux États, qui passe aussi par la recherche d’une solution juste et durable à la question des réfugiés ».
C’est un engagement beaucoup plus fort, dans les actes, qui est maintenant attendu de la France et des autres pays, notamment pour le soutien à l’action éducative de l’UNRWA qui a réussi à assurer la rentrée scolaire pour tous les enfants de réfugiés mais qui est à court de ressources. L’UNRWA assure des services essentiels, elle doit être impérativement protégée et confortée. L’Allemagne, Le Royaume Uni, l’Espagne et d’autres viennent d’annoncer une contribution supplémentaire. La Jordanie est à l’initiative de l’organisation d’une conférence à New York pour la soutenir. La France en reste pour l’instant à une position de principe qu’il est urgent de dépasser.
Au-delà de ces actions à court terme, il est grand temps d’aller au fond des choses :
- en rappelant officiellement et à chaque fois la responsabilité d’Israël dans la situation des réfugiés, chassés de leur terre de manière planifiée entre 1947 et 1949. Israël a toujours refusé de les laisser revenir malgré la résolution 194 de l’ONU qu’il a pourtant explicitement acceptée en 1949 comme condition de son admission à l’ONU,
- en traitant la question des réfugiés palestiniens pour ce qu’elle est : une composante essentielle et centrale de toute solution de la question palestinienne,
- en affirmant que le règlement de la situation des réfugiés palestiniens doit se faire en conformité avec les résolutions de l’ONU.
À travers la crise que traverse l’UNRWA, mais bien sûr aussi suite aux « Marches du retour » organisées à Gaza par une population qui entend faire valoir ses droits, la question des réfugiés palestiniens est repassée au premier plan. On ne peut plus se contenter d’en renvoyer la résolution à un hypothétique règlement global.
Saurons-nous revenir au droit international et nous opposer dans les actes à l’unilatéralisme et à la loi du plus fort ? Le sauvetage de l’UNRWA et la mise au premier plan de la question des réfugiés palestiniens en seront un marqueur essentiel.